Éric Gagnon, Nancy Guberman, Denyse Côté, Claude Gilbert, Nicole Thivierge, Marielle Tremblay, M. et coll.
2001, 332 pages
Rapport de recherche et synthèse des résultats
Cette recherche avait pour objectif de comprendre les impacts du virage ambulatoire au Québec, soit le nouveau partage des responsabilités entre les services publics, privés et communautaires et les familles. Comment le partage se fait-il actuellement, quelles sont les difficultés rencontrées par les intervenant-es et les malades, quelles sont les solutions et les conditions nécessaires pour que ce partage soit efficace et acceptable? Quel est l’encadrement offert et quel serait l'encadrement requis? De nature qualitative, elle portait sur cinq clientèles ou groupes d’usagers dans cinq régions du Québec : Le Bas-Saint-Laurent, Montréal, l’Outaouais, Québec et le Saguenay.
L’étude arrive à la conclusion générale d’une banalisation des soins qui justifie le virage ambulatoire et que celui-ci renforce. Il ne semble pas y avoir de normes ou de critères communs pouvant déterminer ce qui peut être transféré et à qui. On présuppose que tous peuvent les donner; leur compréhension et leur administration sont présentées comme étant facilement maîtrisables par les profanes. Or, les soins se révèlent souvent plus complexes pour les personnes malades et leurs proches que pour les professionnel-les. Le transfert des responsabilités de soins des professionnel-les aux personnes malades et à leurs proches a différents impacts sur la vie personnelle, sociale, familiale et professionnelle de ces derniers, ainsi que sur leur santé physique et mentale. Il implique également des coûts parfois importants. Si les personnes malades peuvent souhaiter un retour rapide à la maison, il n’en est pas nécessairement de même pour leurs proches.
L’étude met en évidence un ensemble de conditions idéales au transfert de soins à domicile afin que les personnes malades se sentent en sécurité et confortables pour se donner ou pour recevoir les soins, et soulève la question des limites des transferts. Ceux-ci sont plus faciles lorsque les personnes sont volontaires et motivées, et lorsqu’elles bénéficient de l’aide d’un proche à domicile. La personne malade qui a une certaine aisance financière part avec une longueur d’avance, mais les soins à domicile ne sauraient dépendre uniquement de la personne malade et de ses proches. La préparation et le suivi doivent faire l'objet d'une attention particulière; il faut laisser à la personne malade et à ses proches le temps d'assimiler les informations, gestes et techniques. Il faut prendre le temps de les informer, de les écouter et de les consulter. Le soutien doit être permanent. La sécurité à domicile signifie que les personnes peuvent avoir accès facilement et en tout temps à des ressources compétentes en cas de difficulté, des ressources elles-mêmes "ambulatoires", qui se déplacent pour les urgences et pour faire les vérifications. Lorsque la plupart de ces conditions sont rencontrées, le virage ambulatoire se déroule bien. Lorsque plusieurs d’entre elles font défaut surgissent des difficultés parfois importantes.