Depuis quelques années, des modifications importantes à la gouverne étatique ont apporté leur lot de changements menant à une régionalisation de plusieurs secteurs d’intervention gouvernementale. Or les femmes doivent être partie prenante du processus de décentralisation vers les régions tel que mis en place par le gouvernement du Québec, dans la foulée de la régionalisation entreprise au cours de la dernière décennie.
Non seulement porteur d’une amélioration de leurs conditions de vie, le développement régional est également un lieu privilégié pour que les femmes prennent part aux décisions. Le gouvernement local est partie prenante de la structure nationale de gouvernance et le niveau de gouvernement le plus proche des citoyen-nes. Il est le mieux à même d’impliquer les femmes dans les processus de décision concernant leurs conditions de vie et de mettre à profit leurs connaissances et compétences dans la promotion du développement durable.
Encore faut-il s’assurer que les modèles de décentralisation soient porteurs de changements à l’égard des conditions de vie des femmes et que les instances locales et régionales conçoivent le développement dans une perspective plus globale. Rappelons que les villes forment depuis longtemps le premier pôle de la vie en société. Avec les fusions et la création d’une nouvelle grande ville de l’ampleur de celle de Gatineau, elles sont appelées à jouer un rôle toujours plus important dans l’organisation et la distribution des services aux citoyen-nes.
Les changements actuels commandent de nouvelles alliances et toutes les femmes doivent en être. Les fusions ouvrent une fenêtre politique propice aux changements et à l’intégration de nouveaux acteurs à la nouvelle dynamique politique. La déstabilisation du jeu politique amène les acteurs et actrices à reconsidérer leurs actions et leurs alliances. La politique, c’est être capable de saisir les occasions lorsqu’elles se présentent. Ce sentiment d’urgence tient aux enjeux qui découleront nécessairement de ces fusions. L’harmonisation des façons de faire, des services et des budgets représente plus que de simples ajustements structuraux.
Le cas des camps d’été de jour pour les enfants en est un exemple patent. Alors que, dans l’ancienne ville de Gatineau, la tarification reposait sur le principe de l’utilisateur payeur ce qui voulait dire des coûts de 80$ par semaine, dans l’ancienne ville de Hull, c’est le principe de soutien à la famille qui guidait les choix budgétaires en la matière, ce que reflétait la tarification de 70$ par été. Cet exemple illustre l’ampleur des enjeux qui découlent de la création de la nouvelle ville. La discussion est ouverte et les femmes doivent s’en mêler, ne serait-ce que pour protéger des acquis fondamentaux pour l’amélioration des conditions de vie des femmes.
Cependant, les trois seules élues municipales sur les 13 membres de la CRÉO ne sont pas en mesure de défendre une vision féministe - ou plus simplement une vision tenant compte des besoins des femmes et des familles - sans le soutien d'autres femmes dans la préparation de dossiers et les démarches de lobbying. La création d’une commission Femmes et ville favoriserait le resserrement des liens avec les élues et celles qui siègent aux instances décisionnelles.
L'idée de la mise sur pied d'une commission ou d'une table femmes à la CRÉO fait son chemin. Entre autres, elle a circulé lors du colloque sur le développement régional qui se tenait en octobre 2004 à l'UQO. Outre la parité des femmes, le président de la CRÉO, M. Marc Carrière, et la conseillère Louise Poirier de la ville de Gatineau, également membre de la CRÉO, ont alors déclaré qu'il était possible de s'assurer qu'une instance articule les besoins des femmes et développe des mécanismes de représentation de leurs intérêts dans différents dossiers.
D'ici à ce qu'une commission femmes soit mise sur pied à la CRÉO, avec la campagne En novembre 2005, je serai candidate!, AGIR compte encourager les femmes de la région à se présenter plus nombreuses aux élections municipales qui ont lieu en novembre 2005.
Source : L’action politique pour toutes les femmes de l’Outaouais: des enjeux à partager, AGIR, 01.2004
Pour en savoir plus :
Description de la réalité des régions concernant les CRÉ (doc), Réseau des tables régionales de groupes de femmes du Québec, 27.09.2004
Quelle sera la place des femmes dans les nouvelles instances de gouvernance régionale?, Denyse Côté, 05.12.2003
Des outils pour agir dans une perspective intersectorielle, AGIR, 14.11.2003
Les territoires du Québec et la décentralisation gouvernementale, Marc-Urbain Proulx, Isabelle Brochu, Patrice Leblanc, Martin Robitaille, Guy Chiasson, Denis Geoffroy, Éric Gauthier, Ali Doubi, 2005