Lors du colloque en développement régional qui s'est tenu le 1er octobre 2004 à l'Université du Québec en Outaouais (UQO), la professeure Dominique Masson a abordé les principaux changements affectant la représentation des femmes et des dossiers en condition féminine suite à la mise en place des Conférences régionales des élus (CRÉ) dans chacune des régions du Québec.
Elle a soutenu la thèse que la gouvernance régionale est maintenant porteuse d'enjeux de citoyenneté pour les femmes. Elle s'est penchée en particulier sur les défis que posent actuellement les CRÉ pour l'actualisation d'un programme de pleine citoyenneté pour les femmes. Car, selon elle, la pleine citoyenneté dépasse l'accès aux droits formels, et comprend "la pleine participation citoyenne et l'accès aux pleins bénéfices qui découlent de l'appartenance à une communauté politique ancrée dans un territoire".
Maintenant égales en droit, les Québécoises sont encore mal représentées, et ne constituent que 12% des préfets des municipalités régionales de comté (MRC), et 11% des maires. D'autre part, selon l'Institut de la Statistique du Québec, elles ne comptaient toujours, en 2002, que sur un revenu annuel moyen équivalent à 64% de celui des hommes. Enfin, la professeure Masson a souligné que les femmes ne sont pas des citoyens comme les autres, au sens où leurs besoins en services sociaux, en santé et en protection individuelle demeurent encore modelés par les différences sociales entre les sexes.
La décentralisation a déplacé les enjeux de citoyenneté vers les régions. En effet, la région est devenue au Québec, et ce depuis 1992, un espace politique de représentation des enjeux de citoyenneté politique, économique et sociale pour les femmes. La tension entre l'État et les régions dans un cadre de décentralisation pose donc le défi de l'accroissement des disparités régionales : certaines régions travailleront (ou non) à mettre en place des mécanismes pour permettre aux femmes de mieux exercer leur citoyenneté politique, d'autres seront sensibles (ou non) à leurs besoins sociaux, enfin d'autres mettront en place (ou non) des mécanismes de participation économique.
Lors de ce colloque, l'idée de la mise sur pied d'une "commission" ou d'une "table" femmes à la Conférence régionale des élus de l'Outaouais (CRÉO) a également circulé. Outre la parité des femmes, le président de la CRÉO, Monsieur Marc Carrière, et la conseillère Louise Poirier de la Ville de Gatineau, également membre de la CRÉO, ont déclaré qu'il était possible, voire souhaitable, de s'assurer qu'une instance articule les besoins des femmes et développe des mécanismes de représentation de leurs intérêts dans différents dossiers.
Sources : "Femmes, gouvernance régionale et enjeux de citoyenneté", Dominique Masson, 01.10.22004; "Les sujets touchant la gent féminine négligés en raison de la mauvaise représentation féminine", Le Droit, 02.10.2004
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