La participation politique des femmes ne se limite pas à l'exercice du droit de vote. C'est ce que démontre depuis 20 ans le Regroupement des femmes de la Côte-Nord (RFCN).
S'investir dans des dossiers régionaux affectant la qualité de vie de ses citoyen-nes est une forme de participation politique tout aussi importante. Car le politique, c'est la boîte de scrutin certes, mais aussi la prise de décisions sur des dossiers régionaux. C'est aussi la mise en place des conditions propices au développement social et économique. Infatigables bâtisseuses de leur région, mais aussi éternelles oubliées de son histoire, les femmes de la Côte-Nord célébraient en octobre 2004 le 20e anniversaire du RFCN. Elles y ont honoré leurs pionnières, à travers le lancement d'un nouveau CD.
Ces femmes qui ont bâti la Côte-Nord est une base de données de plus de 300 noms de femmes qui ont contribué au développement de la Côte-Nord et dont les noms ont été jusqu'ici absents des registres officiels. Le RFCN a aussi honoré ses fondatrices et dirigeantes. Enfin, le prix Gemina Émond-Fournier (GEF) a été remis à quatre femmes qui ont soutenu la cause des femmes. Les lauréates sont Mérilda Saint-Onge d'Uashat, Claire du Sablon de la MRC de Manicouagan, Micheline Simard de la Haute Côte-Nord et Hermionne Gallant de Minganie. Exposition d'art visuel, poésie, musique, produits du terroir (chocolats à la chicoutaï, vous connaissez?), cette rencontre de trois jours a été placée sous le signe de la fête et de la concertation.
Le dynamisme de cette table était bien visible lors de la soirée gala où une conseillère municipale (Mme Carolle Deschênes) et des directrices de SADC côtoyaient le maire de Baie-Comeau et président de la Conférence régionale des élus (CRÉ) (Monsieur Ivo di Piazza) ainsi qu'une foule de 125 invité-es. Il était aussi très visible lors des deux jours de travail que les membres de la table ont abattu. Ont été abordés la situation actuelle de la région, mais aussi de la gouvernance régionale de la Côte-Nord, ce territoire immense, peuplé surtout sur 1.300 km de littoral au nord du fleuve St-Laurent, entre Tadoussac et Blanc-Sablon. Ces femmes très actives, qui ont créé le premier Fonds d'investissement pour l'entrepreneurship au féminin (FIEF) du Québec, qui ont marrainé aussi, entre autres, le projet "Pignons sur rue" ayant facilité l'achat par plusieurs groupes de femmes de leur propre bâtisse, ces 60 femmes représentantes de groupes et membres individuelles ont débattu pendant deux jours des stratégies à adopter en regard de la transformation des structures de gouvernance régionale mises en place par la nouvelle loi 34.
En effet, la création des CRÉ a remis en question plusieurs acquis, dont le niveau de représentation féminine et du dossier de la condition féminine. Car les femmes avaient obtenu 42% des sièges du conseil d'administration du CRD de la Côte-Nord et un "siège femme" (siège réservé) jusqu'à l'obtention de la parité. Reflétant les convictions des autorités régionales, la nouvelle CRÉ de la Côte-Nord décidait de nommer le maximum de représentant-es de la société civile : ceci est crucial pour la représentation féminine, car les femmes maires et députées (membres d'office de la CRÉ) sont peu nombreuses. Cette décision a permis d'augmenter la représentation féminine à la CRÉ de la Côte-Nord… à 4 femmes sur 19 membres. Si la géographie les sépare entre elles et des grands centres, la solidarité, l'esprit communautaire, la chaleur et les espaces de convivialité les ont rapprochées en cette fin de semaine mémorable.