La sous-représentation des femmes au sein des instances électives dans presque tous les pays du monde est de notoriété publique. Au-delà de la dénonciation, certaines mesures concrètes peuvent être mises en place afin de remédier à cette situation.
Parmi ces moyens, on discute de plus en plus de l'implantation de quotas visant à augmenter la présence des femmes en leur assurant un certain pourcentage à différents niveaux : listes de candidatures, parlements, commissions, cabinets, etc. Les femmes au parlement : au-delà du nombre, un manuel-outil publié par l'International Institute for Democracy and Electoral Assistance (IDEA) de Suède, présente ce que sont les quotas, leurs modes d'application ainsi que différentes expériences s'y reliant. Ce document dresse également une liste d'arguments favorables et défavorables à leur implantation. Voici un résumé de certains de ceux-ci :
Arguments favorables :
• en tant que citoyennes, les femmes ont droit à une représentation équitable
• l'expérience des femmes est nécessaire dans la vie politique
• la présence de plusieurs femmes dans un organe donné réduit la pression exercée sur une femme
alibi qui serait seule
• les quotas de femmes ne sont pas discriminatoires; ils servent à compenser les handicaps qui ôtent aux femmes la part des sièges qui leur revient.
Arguments défavorables :
• les quotas sont contraires au principe d'égalité des chances pour tous, puisque les femmes sont avantagées
• les quotas ne sont pas démocratiques, car les électeurs doivent être ceux qui décident des élections
• les quotas impliquent que le sexe intervient plutôt que les qualifications dans la dévolution du pouvoir politique et qu'ainsi certains des candidats les plus compétents sont écartés
• certaines femmes ne veulent pas être élues simplement parce qu'elles sont des femmes.
Selon Drude Dahkerup, les quotas représentent un changement dans la conception de l'égalité. En effet, de l'égalité des chances, ils marqueraient un passage à une égalité de résultats. Cette conception de l'égalité repose sur la réflexion suivante : puisqu'il existe des barrières (sociales, économiques, formelles ou informelles) à la participation des femmes en politique, des mesures compensatoires doivent être adoptées pour atteindre une égalité de résultats. Toutefois, la présidente du Parlement de Suède, Brigitta Dahl, précise que les quotas ne peuvent à eux seuls résoudre le problème de la sous-représentation des femmes. Selon elle, un véritable travail d'éducation doit être entrepris afin de promouvoir systématiquement la participation des femmes et ce, dans toutes les sphères de la société (les partis politiques, le système éducatif, les associations, les syndicats, les Églises, etc.). Elle ajoute que ces changements nécessiteraient "une ou deux générations".
Rappelons que le manuel "Les femmes au parlement : au-delà du nombre" se veut un outil pratique. Des universitaires, des militantes et des personnalités politiques y proposent des analyses du statut des femmes qui participent au pouvoir en Afrique francophone et dans d’autres régions ainsi que des facteurs qui déterminent ce statut. Le manuel présente divers aspects tels que les systèmes électoraux, les quotas et les mécanismes auxquels les femmes peuvent avoir recours pour influencer le processus politique. Des études nationales décrivent les expériences de femmes qui ont participé aux législatures de divers pays du monde.
Page reliée : La parité répandue en Suède?, ORÉGAND, 04.02.2004