"Dans le cadre d’une nouvelle approche aux comptes nationaux du Canada, une étude menée par l’Institut Pembina pour le compte de l’Initiative boréale canadienne conclut que la valeur des écoservices tels que la filtration de l’eau et le stockage de carbone est d’environ 2,5 fois plus élevée que la valeur marchande nette des activités de foresterie, de production hydroélectrique, d’exploitation minière et d’extraction pétrolière et gazière qui se déroulent dans la région boréale du Canada. Le Devoir rapporte que ces écoservices - qui règlent le climat et contrôlent l'érosion - et les retombées touristiques générées par la forêt boréale canadienne sont estimés à au moins 93 milliards $ par année.
Le rapport soutient que la dégradation des écosystèmes naturels à l’échelle planétaire est attribuable – du moins en partie – au fait que les décisions touchant l’aménagement du territoire prises partout dans le monde ne tiennent pas compte des valeurs du capital naturel. D’ailleurs, ces valeurs ne sont pas incluses dans l’indicateur universel de richesse internationale, en l’occurrence le produit intérieur brut (PIB)."
"En effet, il est temps que nous élargissions notre compréhension de la réelle "valeur" des grandes forêts du monde telles que les forêts boréales, de déclarer le Dr David Schindler, professeur d’écologie à l’Université de l’Alberta. À défaut de le faire, non seulement les écosystèmes continueront-ils de se dégrader, mais aussi l’appauvrissement des sociétés humaines, y compris la nôtre, s’accélérera."
"Les peuples autochtones accordent depuis toujours une importance capitale à conserver les terres – dont l’air et les ressources naturelles qu’elles abritent – qui assurent leur subsistance. Il n’a pas toujours été facile de faire comprendre aux gens la réelle et totale valeur que ces terres représentent pour nous, de commenter Stephen Kakfwi, ancien premier ministre des Territoires du Nord-Ouest. Maintenant, avec ce rapport en main, il nous sera peut-être plus facile de comprendre et de discuter de l’importance de nous responsabiliser et de pousser nos réflexions au-delà de l’extraction et du développement des ressources pour aussi tenir compte des dommages et des coûts que nous imposons à nous-mêmes et aux ressources terrestres dans notre quête de progrès et de développement."
C'est ce que compte faire valoir Mark Anielski, économiste écologique et coauteur du rapport, aux délégué-es qui prennent part au 10e Congrès forestier national, qui a lieu à Gatineau du 25 au 27 septembre 2006. Ce congrès vise à démontrer "que toutes les parties prenantes à l’utilisation de nos ressources naturelles souscrivent à l’aménagement durable de la forêt boréale. L’un des effets escomptés du congrès est d’amener tous les secteurs à s’engager à créer un conseil intersectoriel pour examiner des objectifs nationaux et internationaux d’intendance et de gestion durable du territoire." Cet événement sera suivi par le Congrès boréal 2006 qui se tient à Cochrane, en Ontario, du 1er au 4 octobre 2006. Rappelons que la forêt boréale canadienne représente le quart des forêts vierges qui existent encore dans le monde et que plus de 600 communautés des Premières nations y vivent.
> Les chiffres qui comptent vraiment : évaluation de la valeur réelle du capital naturel et des écosystèmes boréaux, Mark Anielski et Sara Wilson, 2005
> Voici, vue d'avion, à quoi ressemble la forêt boréale..., Action Boréale
Source : Initiative boréale canadienne, 25.11.2005
Pages reliées :
Prix Ressources naturelles : Vive le bois... mort!, Marie Lambert-Chan, 14.10.2006
Êtes-vous surpris d’apprendre que la conservation de la forêt boréale a tout à voir avec le changement climatique?, Initiative boréale canadienne
Convention pour la conservation de la forêt boréale