Par Étienne Côté-Paluck, Blogue Environnement
Le 12 octobre 2006, une vaste étude ontarienne dévoilait que les femmes qui ont travaillé sur une ferme ont trois fois plus de chances de développer un cancer du sein que les autres. L'article, qui paraîtra bientôt dans les Annals of the New York Academy of Sciences, conclut aussi que, si elle travaille ensuite dans l'industrie automobile, les chances de développer un cancer du sein pour une ex travailleuse du milieu agricole deviennent de 2,8 à 4 fois plus élevées que pour les autres femmes. Notons que 99% des femmes atteintes par le cancer du sein dans la région de Windsor entre 2000 et 2002 ont participé à cette recherche exhaustive.
Le chercheur principal de l'étude, James Brophy, affirme dans le Toronto Star qu'après avoir éliminé les facteurs de risques traditionnels de cancer tels que la génétique, la cigarette, l'âge, le nombre d'enfants et les thérapies aux hormones, le lien avec le travail à la ferme est très apparent. Son hypothèse principale quant aux causes de ce risque élevé est la présence de pesticides.
Il est très difficile d'expliquer l'augmentation de maladies comme le cancer dans les sociétés occidentales contemporaines. Plusieurs supposent qu'un usage plus élevé de produits chimiques en est la première cause, comme c'est ici le cas avec les herbicides et les pesticides. Rappelons qu'on en faisait un usage massif dans les années 1970.
Le 10 octobre, le ministère de la santé du Canada refusait de financer une étude sur les liens entre la concentration d'industries pétrochimiques à Sarnia et le taux élevé de cancer dans la région. Une étude vient également de révéler qu'une réserve aux portes de la ville a un taux de natalité de filles anormalement élevé (2 fois plus que les garçons).
À l'inverse du gouvernement fédéral, il serait peut-être temps que les autorités financent un plus grand nombre d'études sur les liens entre les produits chimiques qui nous entourent, et plus globalement les environnements de travail et de vie, avec les maladies qu'ils pourraient provoquer. Par la suite, les seuls coûts en soins de santé économisés pourraient peut-être bien rembourser ces études...
Pages reliées :
L'asthme et les pesticides, Le Devoir, 19.01.2008
Scientists find farm link to breast cancer, Globe and Mail, 12.10.2006
'Gender-bending' chemicals linked to breast cancer rise, Celia Hall, Telegraph, 18.10.2006
Une nation toxique, 10.01.2006