Les compagnies minières canadiennes oeuvrant en Amérique latine produisent des revenus record qui dépassent leurs propres projections… tout en suscitant des affrontements inédits avec les communautés locales où elles sont implantées.
La hausse exceptionnelle des prix des minéraux a été suscitée par la croissance de la demande de la Chine, de l’Inde et du marché étatsunien. Ainsi, pour ne citer qu’un exemple, l’industrie minière péruvienne a eu des revenus nets de 2900 millions USD en 2005 et de 4500 millions USD en 2006; pour 2007, on s'attend à des résultats supérieurs. Par contre, cette situation cause des conflits qui se répandent partout dans la région latino-americaine. L’enjeu central est le droit des communautés locales, où les exploitations minières sont situées, de profiter de façon équitable de cette croissance économique. Rappelons que ces communautés vivent souvent dans une extrême pauvreté de génération en génération.
Cette problématique complexe qui oppose les communautés locales aux compagnies transnationales est exacerbée par le manque d’initiative d’un troisième acteur : l’État central. Celui-ci reçoit en effet la contribution fiscale des entrepreneurs mais ne la redistribue pas adéquatement à la population qui habite tout près de ces sources de profit. De plus, dans plusieurs pays latino-américains, l’État est incapable d’élaborer des réglementations et des contrôles convenables permettant d’exiger des contributions monétaires des investisseurs de même que le respect de l’environnement. Cette faible présence de l’État a provoqué la mise en place par certaines compagnies minières de programmes de responsabilité sociale qui ne servent actuellement qu’à soulager partiellement les problèmes.
Il y a cependant quelques aspects positifs à cette situation. Autrefois résignées à leur sort, les communautés locales sont maintenant mieux organisées et développent une solidarité autour de cette problématique. Elles sont aussi plus sensibles au besoin de miser principalement sur leurs propres capacités de construire leur avenir. Il s’agit ici des tous premiers pas vers la création des conditions minimales nécessaires au développement local équitable.
Également, tout nouveau projet minier doit maintenant, au-delà des calculs des retombées purement économiques, planifier d’avance ses rapports avec la communauté où elle envisage développer un projet et doit voir, ne serait-ce que minimalement, à sa responsabilité sociale et au respect de l’environnement.
À voir : Gran mineria en el Peru : la logica de los ganadores y perdedores en, Grupo de formación e intervención para el desarrollo sostenible (GRUFIDES)
Pages reliées :
Un pas important dans la bonne direction : le rapport final des Tables rondes nationales sur la responsabilité sociale des entreprises et les industries extractives canadiennes dans les pays en développement, Réseau canadien sur la reddition de comptes des entreprises, 02.04.2007
Pour des compagnies minières responsables, Luc Picard, 30.03.2007
Amérique latine - Mines, mineurs et environnement, un dossier de RISAL