Le 22 août 2007, le Conseil des Montréalaises présentait à la Commission du conseil municipal sur la mise en valeur du territoire, l’aménagement urbain et le transport collectif son mémoire intitulé Vaincre les obstacles à la mobilité des femmes, dans le cadre de la consultation sur le Plan de transport de la Ville de Montréal 2007.
"Avec ce mémoire, nous désirons faire valoir les besoins spécifiques que connaissent les Montréalaises en matière de transport urbain et veiller à ce qu'ils soient pris en compte", de déclarer Nicole Boily, présidente du Conseil.
La réalité des Montréalaises en transport urbain
Encore principales responsables des tâches domestiques (travaux ménagers et tâches reliées aux enfants), la mobilité des Montréalaises s'articule entre leur vie familiale et professionnelle. Ce fait est encore plus vrai chez les femmes issues de l'immigration, qui représentent 27% des Montréalaises, et celles qui sont cheffes de famille monoparentale (84% de ces familles sont dirigées par des femmes). En plus du déplacement quotidien qui les mène au travail, les Montréalaises sont appelées à effectuer aussi de courts trajets, souvent en dehors du moment où les travailleurs se rendent au travail et en reviennent. La proximité entre le lieu de résidence et les services n'étant plus le principal facteur lors de l'achat ou de la location d'un logis, les familles réalisent dorénavant des parcours dans un secteur plus vaste qui supposent le recours plus fréquent à des modes de transport motorisés.
Alors que les besoins en transport des Montréalaises sont importants, il a été démontré que leur mobilité peut être compromise, entre autres, par des contraintes financières. En 2001, le revenu annuel moyen des femmes sur l'île de Montréal était encore bien en-deçà de celui des hommes : 25,431$ pour les premières contre 36,330$ pour les seconds. Aussi, en 2004, la proportion de femmes vivant sous le seuil du faible revenu était plus élevée que celle des hommes (30,1% contre 26,2%). Alors qu'elles représentent 59,7% des aînés de plus de 65 ans, les femmes âgées totalisent près de 80% des prestataires du Supplément de revenu garanti. Les Montréalaises sont ainsi nombreuses à se tourner vers des moyens de transport collectif.
L'insécurité urbaine est un autre facteur qui influence la mobilité des femmes. Au début des années 2000, près de 60% des Montréalaises rapportaient avoir peur de se promener seules le soir dans leur quartier de résidence, comparativement à 17% des hommes. Les impacts de l'insécurité urbaine peuvent aller de la réduction du nombre de sorties à l'isolement.
Préoccupations des Montréalaises
Dans son mémoire, le Conseil fait état des préoccupations spécifiques des Montréalaises en matière de transport urbain. Il constate que le transport collectif dessert mal de grands pans de l'île, par exemple dans l'est et l'ouest, où respectivement 60,8% et 75,3% des résidentes utilisent l'automobile (lorsqu'elles en ont les moyens) pour des déplacements dans leur localité. Le Conseil recommande à la Ville de Montréal qu'une desserte locale en transport collectif, à l'intérieur des arrondissements ou villes reconstituées et entre eux (particulièrement dans les secteurs où se concentre une population à faible revenu) soit assurée. Les cadences des autobus doivent aussi y être plus fréquentes. Le Conseil préconise le fait que les points de correspondance majeurs offrent une panoplie de services afin de limiter les déplacements et de rentabiliser le temps passé dans ces lieux.
Le transport en commun, utilisé par une majorité de femmes (56%), a vu ses tarifs grimper de 30% depuis 5 ans, ce qui est largement plus élevé que la hausse du coût de la vie pour la même période. Cette situation tend à limiter l'accessibilité au service de transport en commun aux personnes qui en ont le plus besoin, dont de nombreuses femmes qui vivent dans des situations économiques précaires. Le Conseil des Montréalaises recommande à la Ville de faire en sorte que les tarifs pour les usagères et usagers du transport en commun ne soient pas augmentés, et enjoint la Société de Transport de Montréal (STM) d'imaginer des alternatives créatives afin de subvenir aux coûts du développement de son réseau. Le Conseil propose des formules tarifaires qui ont déjà fait leurs preuves dans certains pays d'Europe. Par exemple, la mise en place d'un ticket liberté de 2 heures de voyages en tous sens sur le réseau (comme à Lyon) ou bien un ticket valable 24 heures pour un nombre de voyages illimité sur le réseau (comme à Strasbourg), qui pourrait répondre aux petits trajets réalisés souvent par les femmes, comme aller à l'épicerie et l'accompagnement des enfants.
Sur le plan physique, le Conseil des Montréalaises recommande à la Ville de veiller au développement du service de transport adapté. Le transport urbain doit être accessible et disponible pour les personnes à mobilité réduite telles celles ayant un handicap physique, les personnes âgées, sans oublier les femmes enceintes. Les personnes à mobilité réduite font aussi face à des problèmes de confort lors de leurs déplacements. Par exemple, les femmes enceintes ou avec enfant en poussette et les aînés connaissent souvent de l'inconfort au cours de leurs trajets, notamment à cause de l'étroitesse du corridor d'entrée des autobus ou des nombreux escaliers dans le métro. Le respect des places qui leur sont réservées doit être observé plus rigoureusement. Le Conseil suggère aussi à la Ville de mettre en place des guichets réservés pour ces personnes (la veille ou le 1er jour du mois), de même que l'ouverture automatique des portes destinées au passage des usagères et usagers avec enfant en poussette ou encore avec un vélo. Il serait aussi pertinent d'organiser des marches exploratoires aux abords et à l'intérieur des stations de métro, de train de banlieue et des terminus d'autobus avec des usagères et des employées de la STM en vue d'identifier les mesures à mettre en oeuvre pour augmenter le confort de même que le sentiment de sécurité des gens dans ces lieux.
Finalement, le Conseil reconnaît et appuie les efforts que la Ville de Montréal entend mettre en vue de développer le réseau de transport en tenant compte du respect de l'environnement. La stratégie du Plan de transport de la Ville de Montréal est, en effet, orientée sur l'augmentation de l'utilisation des transports collectif et actif et la réduction de l'usage de l'automobile. La STM et les compagnies de taxi sont encouragées à opter pour des véhicules et une conduite écoénergétiques. La Ville entend également faciliter le stationnement des véhicules écoénergétiques et des microvoitures des particuliers. Pour le Conseil des Montréalaises, ces mesures, de même qu'une plus grande consultation des Montréalaises en matière de réaménagement des équipements et des installations du réseau de transport, contribueront certainement à l'amélioration de la qualité de vie des Montréalaises et Montréalais.
Le Conseil des Montréalaises
Créé en mai 2004, le Conseil des Montréalaises est composé de 15 membres choisies parmi la population féminine montréalaise. Il agit en tant qu'instance consultative auprès de l'administration municipale sur toute question liée à l'égalité entre les femmes et les hommes et à la condition féminine. Ses membres travaillent à l'avancement des débats et des questions qui touchent les Montréalaises.
Source : Conseil des Montréalaises, 22.08.2007
Page reliée : Le retour des péages sur les ponts?, 18.05.2007