Au Canada, le prix croissant de l'essence incite les automobilistes à se tourner vers les transports en commun, révèle un sondage publié le 1er septembre par la Fédération canadienne des municipalités (FCM) et l'Association canadienne du transport urbain (ACTU). Mais il y a un os : ces réseaux sont déjà saturés, rappellent les deux organismes, qui pressent Ottawa de leur consacrer beaucoup plus d'argent.
Réalisé par le Strategic Counsel, ce sondage signale que la situation financière de 30% des Canadien-nes a empiré au cours des six derniers mois. Résultat : une personne sur cinq considère se tourner vers les transports en commun et plus de 40% des répondant-es l'envisageraient aussi si le prix de l’essence continue d’augmenter.
Selon ces résultats, l'utilisation des transports urbains pourrait tripler. Mais les administrations locales, qui sont à l’origine de la majeure partie des investissements dans le transport en commun, n’ont pas les revenus nécessaires pour répondre aux besoins. Selon l'ACTU, il faudrait au moins 40 milliards $ supplémentaires sur cinq ans pour l'entretien et le maintien en bon état des réseaux actuels, de même que l'expansion des services afin de répondre aux besoins d'un plus grand nombre d'usagers.
À l’heure actuelle, le gouvernement fédéral perçoit environ 5 milliards $ par année en TPS et en taxe d’accise sur les carburants. En affectant 10% de cette somme au transport en commun, en plus des 40% qui sont actuellement consacrés à l’infrastructure locale, le gouvernement fédéral injecterait immédiatement 500 millions $. Selon le sondage, 81% des répondant-es sont favorables à ce qu’on affecte au transport en commun une plus forte proportion de ces taxes, en plus des revenus déjà consacrés à la construction et aux réparations de l’infrastructure municipale.
En dernière analyse, la FCM et l'ACTU recommandent aussi que le Canada adopte une politique fédérale à long terme d’investissement dans le transport en commun comme le font les autres pays de l’OCDE. Selon la Stratégie nationale de transports en commun qu'ils ont lancée en 2007, ce sont 2 milliards $ annuellement que devrait investir le gouvernement fédéral pour appuyer le renouvellement et l’expansion des systèmes de transport en commun.
La FCM rappelle qu'une étude du gouvernement fédéral effectuée en 2006 démontrait que le coût annuel total de la congestion (en dollars de 2002) varie de 2,3 milliards $ à 3,7 milliards pour les principales régions urbaines. Par ailleurs, 30% de toutes les émissions de gaz à effet de serre du pays sont attribuables au secteur des transports, tandis que les voitures individuelles sont responsables de 70% de ces émissions.
Sources : FCM, 01.09.2008, Résultats clés, La hausse du prix de l’essence fait augmenter la demande pour le transport en commun, Vers un plan national de transport en commun
Pages reliées :
Un rapport de la FCM sur les principaux problèmes et défis auxquels sont confrontées les municipalités canadiennes, ORÉGAND, 16.04.2008
Centre d'action pour le transport collectif, ACTU
L’heure juste - Réduction de la taxe sur le diésel, FCM, 09.09.2008
Transports en commun : entre le rêve et la réalité, Bruno Bisson, 02.09.2008
Le mal des transports, Le Devoir, 03.09.2008
La fin de Suburbia : l’épuisement des réserves de pétrole et l’effondrement du rêve américain, 07.07.2008