Le 2 juillet 2008, une cinquantaine de Nord-Côtières mettaient le cap vers Tête-à-la-Baleine. Depuis plusieurs années, les Cousines d’Adéline demandaient au Regroupement des femmes de la Côte-Nord de se rendre chez elles afin de mieux connaître les besoins et préoccupations des femmes de la Basse-Côte-Nord. Rappelons que les membres du Regroupement ont pignon sur rue dans 32 localités des six MRC de cette immense région.
Grâce à une levée de fonds, au soutien de plusieurs partenaires et à la contribution financière des participantes, ce projet est devenu réalité. Parmi ces dernières, on retrouvait des représentantes de 14 groupes des MRC de la Côte-Nord. Une quinzaine de femmes d’Harrington Harbour et de Chevery se sont ajoutées en cours de route, sans compter la trentaine de femmes de Tête-à-la-Baleine qui accueillaient les membres du Regroupement.
Le comité d'accueil le 4 juillet à 4h30 du matin sur le quai de Tête-à-la-Baleine. Photo : F. Richard
Après une première halte à Sept-Îles, la tournée s’est poursuivie à Aguanish où le Centre le Volet des femmes les a rencontrées lors d’un repas communautaire et de l’assemblée générale annuelle du Regroupement, à laquelle 65 femmes ont participé. À Tête-à-la-Baleine, c’est un comité dynamique qui a accueilli les 70 représentantes du Regroupement le 4 juillet dans cette localité d’à peine plus de 200 personnes! Depuis des mois, les Cousines d’Adéline préparaient avec fébrilité cet événement. L’hébergement, les repas, les activités, les ateliers, tout avait été soigneusement planifié.
Au programme de ces deux jours, des ateliers pour contrer et prévenir la violence, adopter de saines habitudes de vie, évaluer les besoins et les préoccupations en matière de développement régional. Les préoccupations sont semblables à celles de leurs consoeurs des autres MRC : vieillissement de la population, exode des jeunes, besoin de diversification au niveau de l’emploi et des choix de cours, besoin aussi d’avoir une université régionale, demande de places en services de garde et de soutien aux aidant-es naturel-les, d’aide pour les aîné-es qui désirent demeurer dans leur maison, de soutien pour des projets de transformation des ressources naturelles, et le besoin criant d’être relié au reste du monde par la route. Quant aux femmes anglophones, elles souhaitent apprendre le français et que leurs jeunes aient le français comme matière obligatoire à l'école afin qu’ils soient bilingues à la fin de leurs études secondaires. Il a aussi été question d’utiliser le troc, afin de revenir à des valeurs moins mercantiles et plus solidaires.
Les femmes de la Basse-Côte-Nord souhaitent briser leur isolement. Denise Fournier du Regroupement a constaté à quel point l'éloignement est un sujet de préoccupation. Non seulement elles sont isolées du reste du monde, mais aussi des autres communautés. En effet, les femmes francophones, anglophones et autochtones de la région ont peu de rapport entre elles. Pourtant leurs réalités sont souvent semblables.
Les participantes aux ateliers de Tête-à-la-Baleine.
Photo : M. Turbide
Après la remise du prix Germina-Emond-Fournier qui rend hommage aux femmes qui contribuent à l'amélioration des conditions de vie des femmes et à les inciter à prendre leur place, tant au point de vue économique que dans les instances décisionnelles locales et régionales, une pièce de théâtre portant sur le 50e anniversaire du droit de vote des femmes fut présentée à la centaine de participantes. Les personnages d’Idola St-Jean et de Thérèse Casgrain ont permis de comprendre davantage le long cheminement des femmes pour l’obtention de leurs droits. À noter que des services de traductrices en anglais et en innu ont été utilisés lors des différentes activités.
Le groupe a été gâté car les Cousines d’Adeline, leurs conjoints et leurs amies qui ont multiplié les petites attentions afin de faire en sorte que ce séjour soit inoubliable. C'est ainsi qu'il a pu découvrir les produits locaux et l'Île Providence et partager avec la population.
Sources : Regroupement des femmes de la Côte-Nord, 07.07.2008, Radio-Canada, 11.07.2008
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