Co-réalisatrice de Deux milles fois par jour, qui traite de la quête de sens de planteurs d'arbres, Stéphanie Lanthier est en train de tourner un documentaire sur les forestiers-débrousailleurs d'Abitibi-Témiscamingue. Professeure de sciences politiques à l'Université de Sherbrooke et originaire des Hautes-Laurentides, elle a grandi dans un univers de bûcherons. Toujours préoccupée par la question de la forêt québécoise, elle prépare Les Fros, un titre emprunté à une chanson de Richard Desjardins qui parle de l'arrivée de travailleurs immigrants en Abitibi dans les années 1930.
Cette jeune réalisatrice tient à construire une mémoire forestière visuelle, en vue de pallier au faible nombre de documentaires sur le sujet. Il lui a fallu deux ans de repérage et de rencontres avec des débrousailleurs, dont plusieurs viennent d'Afrique, de Moldavie, des Phillipines ou de la Russie. Ils viennent chercher en Abitibi un emploi plus payant que ce que la ville ou leur pays a à leur offrir, en attendant que leurs diplômes soient reconnus. Rappelons que la foresterie est un domaine traditionnellement masculin au Québec, mais qui pourrait toutefois tendre à se féminiser lors du processus de refonte du régime forestier.
De juin à octobre 2009, l'équipe de tournage, composée de trois personnes, vit au rythme des débrousailleurs et partage leur quotidien dans Les chroniques d’une cinéaste au pays des mouches noires. La sortie du documentaire est prévue pour 2010.