En Bolivie, les femmes qui s'impliquent en politique s'exposent à la violence, et ce, particulièrement dans les municipalités rurales. Candidates et élues sont impunément agressées verbalement, harcelées, battues, fouettées ou violées. Selon María Eugenia Rojas, directrice générale de l'Asociación de Concejalas de Bolivia (ACOBOL), qui oeuvre afin que les élues municipales occupent leurs fonctions en sécurité et dans des conditions d'égalité avec les hommes, cette violence politique basée sur le genre est une réalité pour les femmes de tous les partis politiques et des organisations de la société civile, et plus fréquemment dans les régions où la population est majoritairement autochtone.
Depuis le début des années 2000, l'ACOBOL fait campagne pour que soit adoptée une loi contre le harcèlement politique et la violence de genre exercée sur les candidates et les élues, tant au niveau local, provincial que national. Selon María Eugenia Rojas, une telle loi, en plus d'outiller les femmes pour qu'elles puissent faire respecter leurs droits, permettrait d'élever la prise de conscience sur cette réalité qui ne s'améliore pas depuis l'élection du président Morales en décembre 2006. Depuis janvier 2007, l'une des femmes impliquées dans cette campagne, la Quechua Celima Torrico, est devenue ministre de la Justice (le seul ministère sans portefeuille), mais elle souhaite désormais que le projet de loi s'applique aussi aux politiciens qui sont victimes de harcèlement et de violence en raison du poste qu'ils occupent ou de leurs idées. Pour leur part, les groupes de femmes insistent pour continuer de promouvoir une loi spécifique contre la violence politique basée sur le genre et proposent qu'une loi séparée protège les hommes.
Selon l'ACOBOL, des études ont amplement démontré que les relations de pouvoir basées sur la violence affectent les femmes parce qu'elles sont des femmes. Une étude dirigée par l'ACOBOL de 2000 à 2005, et mise à jour avec les 200 plaintes additionnelles reçues depuis, révèle que 36% de tous les cas de harcèlement et d'abus visaient à forcer les conseillères municipales à démissionner pour laisser leur siège à un homme. 20% des plaintes portaient sur de la violence physique et 19%, sur du harcèlement et des pressions ayant pour but d'éloigner les femmes de la direction des gouvernements municipaux et des fonctions de supervision. Résultat : il est rare que des conseillères soumettent leur candidature pour un deuxième mandat.
4% des sièges de conseillers municipaux sont occupés par des femmes tandis que, des 327 conseils de ville, 25% sont dirigés par des femmes, selon l'ACOBOL. D'après la Constitution adoptée en janvier 2009, 50% des candidat-es à une position officielle doivent être des femmes, mais jusqu'ici, cette proportion n'a été obtenue qu'au Sénat. Les prochaines élections municipales et régionales ont lieu en avril 2010.
Source : Franz Chávez, IPS, 27.10.2009. Photo : María Eugenia Rojas, par Franz Chávez.
Pages reliées :
Être femme en Bolivie, Zulma Gareca, Centre de formation pour le développement et la solidarité internationale, 13.03.2008
«Aujourd’hui, les Boliviennes parlent en leur nom propre», Benito Perez, Le Courrier, 05.02.2008
Un clivage subsiste entre la réalité bolivienne et les dispositions de la CEDEF et entre les lois et leur application, Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes, 15.01.2008