par Lucie Poirier, journaliste-analyste
"En un mot, la situation est immorale. Pour moi, me taire, ce ne serait pas humain." Rachel-Alouki Labbé a intitulé Désert de croix son film sur Ciudad Juárez, la ville la plus meurtrière au monde. Depuis plus de 15 ans, des femmes et des fillettes mexicaines y sont retrouvées mortes torturées, décapitées, éventrées, violées, sans que les assassins n'aient encore été condamnés. "Ce serait bien de pouvoir expliquer pourquoi c’est comme ça parce qu’on aurait les solutions. Les femmes sont mutilées, leur ventre et leurs seins coupés; on tue ce qui engendre la vie. Les hommes violent et tuent. C’est ça Ciudad. Le féminicide se répand. C’est un phénomène social trop avancé. L’ALÉNA, les grosses compagnies qui possèdent les terres, les maquiladoras, les 500 bandes de narcotrafiquants, l’exode vers le Nord, l’impunité des responsables, la violence conjugale, l’armée, les policiers, c’est un trou de la mort", ajoute Rachel-Alouki.
Elle a filmé Anapra, l’endroit du désert où on trouve les corps et plante des croix, mais elle a aussi montré les enfants "parce qu’il faut commencer par la base". Des orphelin-es participent à des ateliers de création et sont encouragés dans la poursuite de leurs études. La morbide situation de Ciudad pose la question : comment intervenir dans un tel phénomène de société?
Pages reliées :
Les blogues des familles des “disparues de Juarez”, Eduardo Avila, Global Voices, 28.03.2009
Des os dans le désert, Nicole Nepton, 20.10.2007
Lucie Poirier anime une chronique Cinéma sur le site du Magazine Aubry et Cie.