En novembre 2009, la Table régionale des organismes communautaires et l’Agence de la santé et des services sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec dévoilaient les résultats d’une recherche portant sur l’action des organismes communautaires en santé et services sociaux. Pendant près d’un an, les travaux ont été menés par les professionnel-les de recherche Jean Proulx et Nathalie Boudreault auprès d’employé-es, de bénévoles et de personnes qui fréquentent ces organismes. Selon Jean Proulx, «c’est la première fois au Québec que l’on documente ainsi l’impact de l’action des groupes communautaires. À bien des égards et pour plusieurs personnes, «leur» organisme communautaire est aussi important que l’hôpital ou encore le médecin».
Intitulé Pour un monde meilleur : quand l’humain fait la différence, le rapport de recherche est le résultat d’une vaste cueillette de données provenant de quatre sources d’information :
• une compilation statistique produite par l’Agence à partir des données transmises par 246 organismes
• un questionnaire complété par 168 organismes
• 10 groupes de discussion réunissant 87 personnes fréquentant 10 organismes communautaires
• 10 groupes de discussion réunissant 76 employé-es de 76 organismes communautaires.
Le rapport fait notamment le constat que les organismes communautaires sont des lieux de socialisation et de véritables milieux de vie. Il met aussi en lumière les façons de procéder pour venir en aide aux personnes parmi les plus vulnérables de notre société, comme l’importance de prendre le temps de comprendre leurs besoins et la relation de proximité établie par le personnel communautaire. Des données font également ressortir que le milieu communautaire travaille beaucoup en collaboration avec d’autres organisations et qu'il offre une gamme impressionnante d’activités et de services uniques. L’engagement, le dévouement et la générosité sont des caractéristiques qui distinguent les organismes communautaires, de même que leur expertise spécifique dans certains champs d’activités comme la santé mentale, l’itinérance ou la violence conjugale. Ce mélange d'intervenant-es et d'expertise serait unique au pays sinon au monde. Enfin, pour offrir 246 «lieux de services mais aussi d’implication et de réalisation», pas moins de 40 000 membres, 15 085 bénévoles et 1 849 employé-es sont impliqués.
«Cette recherche présente un portrait évocateur de l’action communautaire, faite de manière rigoureuse et scientifique, et nous démontre que le soutien apporté par l’Agence aux organismes communautaires constitue une réelle réponse aux besoins de la population de notre région» a souligné Marc Lacour, directeur des Services sociaux à l’Agence. Dans le document synthèse, Proulx et Boudreault concluent que la réponse des organismes à ces besoins ne vient pas compléter les services offerts par le réseau public de santé et de services sociaux. Il s'agit plutôt d'une réponse supplémentaire à ceux-ci et d’une nature tout à fait différente. Ils ne sauraient donc pas prendre le relais du réseau public dans une volonté de l’État de se départir de certains services. Il est d'ailleurs faux de prétendre que les organismes communautaires seraient devenus un réseau public à bon marché. Les auteur-es soulignent que, même si la réforme Couillard de 2003 invitait les établissements du réseau public à conclure des ententes de services avec eux, ce phénomène représente à peine 3% des revenus des organismes de la Mauricie et du Centre-du-Québec.
Le rapport met en lumière qu'à côté des services publics, la contribution des organismes communautaires est essentielle. Pour plusieurs personnes, ils constituent de véritables remparts contre la solitude, la dépression, la détresse et la rupture sociale. Ils leur permettent de trouver du réconfort, de se remettre sur pied, de trouver un sens à leur vie et de jouer un rôle social. Ils jouent un rôle important au plan de la prévention, que ce soit en termes de dépression, de criminalité, de suicide ou de problèmes de santé de toutes sortes. «Au même titre que les médecins mais dans leur domaine d’intervention, les organismes communautaires sauvent des vies.» Selon Proulx et Boudreault, il ne fait aucun doute que leur action enlève une pression énorme sur le réseau public de santé et de services sociaux.
> Synthèse, présentation Power Point et documentaire
Source additionnelle : TROC - CQM et Agence Mauricie et Centre-du-Québec, 05.11.2009