En juin 2011, une vingtaine d'étudiantes en pratique sage-femme obtiendront leur baccalauréat à l'Université du Québec à Trois-Rivières, mais elles n'ont aucune possibilité d'emploi au Québec, qui a pourtant besoin de leurs compétences. En effet, les professionnel-les de la santé sont incapables de répondre à toutes les demandes de suivi de grossesses, une situation qui devrait se dégrader avec les naissances additionnelles qu'amèneront bientôt le programme de procréation assistée mis en oeuvre en août 2011.
Pourtant, la Politique de périnatalité 2008-2018 prévoit l'ouverture de 13 nouvelles maisons de naissance afin que, d'ici 2018, 10% des accouchements puissent se faire avec des sages-femmes. Mais depuis 2008, seulement deux nouvelles maisons de naissance et un point de service ont été ouverts. Chaque jour, les sages-femmes qui oeuvrent dans les 12 maisons de naissance actuelles refusent de nombreuses demandes puisqu'elles ne peuvent suivre que 2% des femmes enceintes (7% en Outaouais, un record).
Dans une récente lettre adressée au ministre de la Santé, Yves Bolduc, l'Association des étudiantes sages-femmes du Québec demande que soient respectés les engagements reliés à la politique de périnatalité et exige la création de maisons de naissance. Des comités citoyens de la Beauce, de Saguenay, de Kamouraska, de Rivière-du-Loup, de Montréal, de Sept-Îles, de la Baie-des-Chaleurs, de Laval, de Lanaudière, de la Montérégie et de Mont-Laurier revendiquent aussi une maison de naissance, mais rien ne bouge.
Les étudiantes se demandent si le lent développement des maisons ne cache pas la volonté d'intégrer plutôt les sages-femmes dans les milieux hospitaliers, ce qui irait à l'encontre tant des désirs des femmes que de la philosophie des sages-femmes. Celles-ci croient qu'il importe d'offrir le choix du lieu de naissance, qu'il s'agisse du domicile, de la maison de naissance ou de l'hôpital.
Selon Line Bélanger, présidente du comité Maison des naissance 02, le rapport final du Conseil d'évaluation des projets pilotes mentionnait une économie d'environ 1 000$ par accouchement pratiqué en maison de naissance par rapport à un accouchement pratiqué en centre hospitalier. Par ailleurs, selon un sondage effectué pour le ministère de la Santé en 2005, 24% des femmes désirent accoucher à domicile ou en maison de naissance. Donc, s'il y a un potentiel de 22% des naissances additionnelles sur environ 85 000 naissances annuellement, le Québec pourrait économiser 18 millions $ par année en ouvrant suffisamment de maisons pour répondre à la demande réelle. À ce rythme, les coûts de construction de maisons seraient rapidement amortis.
Ci-dessus, un reportage sur le développement des maisons de naissance et de la pratique sage-femme au Québec réalisé en janvier 2011 par des étudiant-es de l'UQAM.
Pages reliées :
Passer de la parole aux actes, Ak'ingabe Guyon, Le Devoir, 17.02.2011
Gynécologie : les sages-femmes encore exclues, Louise-Maude Rioux Soucy, Le Devoir, 16.02.2011
Le ministre doit passer de la parole aux actes!, Coalition pour la pratique sage-femme, 15.02.2011
Sages-femmes : diplômées sans emploi, Ariane Lacoursière, La Presse, 28.01.2011
Des sages-femmes diplômées et sans emploi : entrevue de la présidente de l'Ordre des sages-femmes du Québec, Dutrizac l'après-midi, 98,5, 28.01.2011
Les maisons de naissance tardent à voir le jour, un reportage d'Anne Tessier-Bouchard, Désautels, Radio-Canada, 04.01.2011
La pratique des sages-femmes est légalisée, Les Archives de Radio-Canada, 02.04.1998