Le droit des femmes et des jeunes filles à la santé et à la sécurité n’est pas protégé dans l’Haïti de l’après-séisme, un rapport de Human Rights Watch publié le 30 août 2011.
« L’Haïti de l’après-séisme demeure précaire. Les soins prénatals et obstétriques sont insuffisants. De nombreuses femmes n’ont aucun accès aux contraceptifs, notamment à la contraception d’urgence après un viol, et parmi les 300 000 femmes et jeunes filles qui vivent toujours dans des camps de déplacés, elles sont nombreuses à avoir recours aux relations sexuelles comme monnaie d’échange contre de la nourriture ou de l’argent pour leur survie. La crise se traduit par des taux de grossesses dans les camps qui sont trois fois plus élevés que dans les zones urbaines avant le séisme, alors que les taux de mortalité maternelle se classaient déjà parmi les pires au monde.
Human Rights Watch a mené des entretiens auprès de 128 femmes et jeunes filles haïtiennes vivant dans 15 camps de déplacés, afin de documenter ces barrières à la santé maternelle, parmi d’autres, dans l’Haïti de l’après-séisme. L’accès aux informations même les plus basiques portant sur la santé maternelle et reproductive est gravement limité. Même les faibles coûts de transport pour se rendre aux établissements de soins ou les frais d’ordonnances médicales créent de sérieux obstacles pour les femmes et les jeunes filles cherchant à obtenir des services de santé. Les femmes et les jeunes filles qui se trouvent de ce fait dans l’incapacité d’accéder à ces services encourent des risques supplémentaires lorsqu’elles accouchent dans les conditions insalubres des camps de déplacement. Ce rapport décrit également l’impact du viol et du monnayage du sexe comme moyen de survie sur la santé reproductive des femmes et des jeunes filles, ainsi que l’accès limité aux services médicaux nécessaires pour prévenir les grossesses non désirées.
Déjà bien avant le tremblement de terre, le gouvernement d’Haïti dépendait de l’aide internationale pour fournir des soins de santé, et pour traiter le problème des violences sexuelles. Dans le contexte de l’après-séisme, les bailleurs de fonds devraient aider le gouvernement haïtien à mettre en place les structures de surveillance et de redevabilité nécessaires pour garantir que les droits des femmes et des jeunes filles à des soins de santé appropriés soient protégés. Sans cette assistance, il arrive que les femmes et les jeunes filles vivant dans les camps ne bénéficient pas des services qui sont à leur disposition, et elles ne peuvent pas obtenir de compensation quand des problèmes ou des abus se produisent.
Human Rights Watch appelle tous les acteurs à Haïti à donner priorité, dans les efforts de redressement du pays, à la protection des droits des femmes et des jeunes filles, aux soins de santé maternelle et reproductive, et à garantir la transparence et la redevabilité dans l’apport de cette protection, notamment par les acteurs non gouvernementaux. »
Page reliée : Accouchements à même le sol, viols et sexe contre nourriture dans les camps d’Haïti, Catherine Capdeville, Égalité, 07.09.2011