La violence physique ou sexuelle est un problème de santé publique qui touche plus d’un tiers des femmes dans le monde, selon un nouveau rapport publié par l’OMS. Intitulé Estimations mondiales et régionales de la violence à l’encontre des femmes : prévalence et conséquences sur la santé de la violence du partenaire intime et de la violence sexuelle exercée par d’autres que le partenaire, c'est la première étude systématique jamais menée à partir de données mondiales sur la prévalence de la violence à l’encontre des femmes, que celle-ci soit le fait de leur partenaire ou d’autres personnes. L’étude relève également que la violence du partenaire intime est la forme la plus courante. Elle touche 30% des femmes à l’échelle mondiale.
Ce rapport souligne que tous les secteurs doivent collaborer pour éliminer toute tolérance à l’égard de la violence contre les femmes et mieux soutenir celles qui en sont victimes. De nouvelles lignes directrices de l’OMS, officiellement présentées en même temps que le rapport, visent à soutenir les pays désireux d’améliorer les moyens alloués au secteur de la santé dans ce domaine.
Impact sur la santé physique et mentale
Ce rapport présente de façon détaillée les conséquences de la violence sur la santé physique et mentale des femmes et des jeunes filles : fractures, complications de la grossesse, problèmes mentaux, détérioration du fonctionnement social, par exemple.
S’agissant des conséquences sur la santé de la violence du partenaire intime, les principales conclusions du rapport sont les suivantes :
Décès et traumatismes – L’étude montre qu’à l’échelle mondiale, 38% des femmes assassinées l’ont été par leur partenaire intime, et 42% des femmes qui ont connu des violences physiques ou sexuelles d’un partenaire ont souffert de blessures.
Dépression – La violence contribue dans une large mesure aux problèmes de santé mentale des femmes : la probabilité de connaître la dépression est presque deux fois plus élevée chez celles qui ont subi des violences de leur partenaire intime, par rapport aux femmes qui n’ont connu aucune forme de violence.
Problèmes de consommation d’alcool – Les femmes qui subissent des violences de leur partenaire intime sont presque deux fois plus susceptibles que les autres de connaître de tels problèmes.
Infections sexuellement transmissibles – La probabilité de contracter la syphilis, la chlamydiose ou la gonorrhée est 1,5 fois plus élevée chez les femmes qui subissent des violences physiques et/ou sexuelles de leur partenaire. Dans certaines régions (dont l’Afrique subsaharienne), elles ont 1,5 fois plus de risques de contracter le VIH.
Grossesse non désirée et avortement – La violence du partenaire et la violence sexuelle exercée par d’autres que le partenaire sont corrélées à une grossesse non désirée; le rapport montre que la probabilité de se faire avorter est deux fois plus élevée chez les femmes qui connaissent des violences physiques et/ou des violences de leur partenaire sexuel.
Nourrissons de faible poids de naissance – La probabilité d’avoir un enfant de faible poids de naissance est majorée de 16% chez les femmes qui subissent des violences de leur partenaire.
Améliorer le signalement et la prévention
La crainte de la stigmatisation empêche nombre de femmes de signaler les actes de violence sexuelle commis par d’autres personnes que leur partenaire. D’autres obstacles encore entravent la collecte de données: ainsi, les pays qui recueillent ces informations sont moins nombreux que ceux qui le font pour la violence du partenaire intime, et les études menées sur ce type de violences utilisent bien souvent des méthodes d’évaluation moins perfectionnées que celles employées pour suivre la violence du partenaire intime.
En dépit de ces obstacles, l’étude révèle que 7,2% des femmes dans le monde ont signalé des violences sexuelles exercées par d’autres personnes que le partenaire. Du fait de ces actes, elles avaient une probabilité 2,3 fois plus élevée de souffrir de troubles liés à la consommation d’alcool, et 2,6 fois plus élevée de connaître la dépression ou l’anxiété – des chiffres légèrement plus hauts que chez les femmes victimes de violences de partenaires intimes.
Ce rapport appelle à un renforcement massif des efforts mondiaux en vue de prévenir toutes les formes de violence à l’encontre des femmes en agissant sur les facteurs sociaux et culturels sous-jacents.
Recommandations pour le secteur de la santé
Le rapport souligne également combien il est urgent d’améliorer les soins prodigués aux femmes victimes de violences. Celles-ci consultent souvent, sans nécessairement dévoiler les causes de leurs blessures ou pathologies.
Les nouvelles lignes directrices cliniques et stratégiques de l’OMS relèvent qu’il importe de former les agent-es de santé à reconnaître quand les femmes sont exposées à la violence du partenaire et à leur apporter une réponse adaptée. Elles notent également que certains contextes de soins (services prénatals et dépistage du VIH, par exemple) pourraient être favorables pour fournir une aide aux victimes de violence.
Source : OMS, 20.06.2013