En août 2013, des représentantes de la Commission interaméricaine des droits de l'homme ont visité le Canada. Tracy Robinson, rapporteure sur les droits des femmes, et Dinah Shelton, rapporteure sur les droits des peuples autochtones, se sont rendues à Ottawa, Prince George et Vancouver pour s’entretenir avec des organismes gouvernementaux, des ONG, les familles de victimes et d'autres personnes au sujet des meurtres et disparitions de femmes et de filles autochtones. Cette visite faisait suite à deux audiences de la Commission interaméricaine à Washington, en 2012 et 2013, lors desquelles l'Association des femmes autochtones du Canada et l'Alliance féministe pour l'action internationale témoignaient sur les meurtres et disparitions en Colombie-Britannique ainsi que sur les violences commises contre les femmes autochtones partout au pays.
En février 2013, Human Rights Watch publiait « Ceux qui nous emmènent : abus policiers et lacunes dans la protection des femmes et filles autochtones dans le nord de la Colombie-Britannique » qui documente les défaillances de la Gendarmerie royale du Canada en Colombie-Britannique et le comportement abusif des policiers à l’encontre des femmes et des filles autochtones. Le rapport constate que le Canada dispose de mécanismes insuffisants pour les plaintes contre la police et des procédures de contrôle inadéquates.
Jusqu'en mars 2010, l'Association des femmes autochtones du Canada a documenté 582 cas de femmes et de filles autochtones disparues et assassinées au Canada. La plupart de ces meurtres et disparitions ont eu lieu entre 1960 et 1990, mais 39% se sont produits après 2000. Le nombre de cas est incontestablement plus élevé aujourd'hui, mais des données complètes ne sont pas disponibles puisque le gouvernement Harper a réduit le financement destiné à la base de données de l'organisation, et les forces de police ne recueillent pas systématiquement les données relatives à la race et l'ethnicité.
L’opposition politique fédérale, les organisations de défense des droits humains et des groupes autochtones, notamment l'Association des femmes autochtones du Canada et l'Assemblée des Premières Nations, recommandent que le gouvernement canadien forme une commission nationale d'enquête sur les niveaux extrêmement élevés de disparitions et de meurtres de femmes et de filles autochtones, une proposition appuyée par les premiers ministres des provinces et territoires.
Le gouvernement Harper a maintes fois refusé de donner suite à cette recommandation. Rappelons que lors du Conseil des relations étrangères à New York qui avait lieu en mai 2013, Harper exprimait son scepticisme quant à l'utilité des commissions d'enquête.
En février 2013, le gouvernement fédéral établissait un comité afin de tenir des audiences sur la question des femmes autochtones disparues et assassinées et de proposer des solutions pour s'attaquer aux causes profondes de la violence. Le comité a fait des progrès limités et a été critiqué pour son manque de direction claire, donnant la priorité aux témoins du gouvernement sur les familles des victimes et ne tenant pas compte des méthodes alternatives, adaptées à la culture, qui favoriseraient la participation des familles et de la communauté. Plus tard en 2013, le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes se rendra au Canada mener sa propre enquête.
Source : Human Rights Watch, 12.08.2013