Le 10 octobre, le Conseil du statut de la femme (CSF) publiait Femmes et santé : plaidoyer pour un accès ouvert à la première ligne médicale, un avis dans lequel il presse le gouvernement de prendre les moyens nécessaires pour que les médecins généralistes soient plus disponibles pour les personnes malades. Seulement 62% des heures travaillées par les médecins de famille québécois le sont pour des services de première ligne; et pour 73,3% des femmes, il est difficile d’obtenir des services médicaux le soir et la fin de semaine. Le Conseil suggère de revoir le mode de rémunération des médecins pour une meilleure prise en charge des patient-es, de développer des services de répit à l’intention des proches aidant-es et d’augmenter les heures d’ouverture des cliniques de première ligne.
Dans son avis, le Conseil dénonce le manque d’accessibilité à la première ligne parce qu’il pénalise entre autres les proches aidant-es qui sont majoritairement des femmes. On estime que de 70% à 85% des tâches qui permettent le maintien à domicile des personnes vieillissantes ou en perte d’autonomie sont assumées par des proches, la plupart du temps une femme, une conjointe, une fille ou une bru, généralement âgée de 50 ans et plus. La proportion de femmes « principale aidante » atteint 75%. Or, des soins médicaux de première ligne accessibles et de qualité, en plus d’améliorer la condition des personnes malades, allègent le fardeau de ces femmes.
Au Québec, l’accès aux services de santé est un enjeu majeur qui préoccupe le Conseil depuis sa création, en raison des répercussions importantes qu’il a sur la vie des femmes. En effet, outre le rôle de proches aidantes qu’elles jouent majoritairement, leur fonction reproductive, leur rôle social au sein de la famille et leur longévité relative les amènent à être de plus grandes usagères du réseau de la santé et des services sociaux. Elles sont donc, dans une plus large mesure que les hommes, pénalisées par les problèmes d’accès aux soins de santé, particulièrement lorsqu’il est question de soins de première ligne.
Au terme de sa recherche, le Conseil croit que le Québec ne souffre pas avant tout d’un manque de médecins ou de budget, mais plutôt de problèmes d’organisation de soins de première ligne. Dans son avis, le Conseil émet six recommandations pour renforcer celle-ci et donner accès de façon équitable à toute la population à des soins de qualité et gratuits.
En ce sens, le CSF recommande que le MSSS :
- mette en place des services de répit à l’intention des proches aidant-es de personnes âgées en perte d’autonomie
- développe et implante des outils ayant pour but d’accroître les capacités des proches aidant-es à participer aux soins de la personne aidée et que cette participation soit soutenue
- prenne les moyens nécessaires pour s’assurer que les médecins généralistes consacrent un nombre minimal d’heures à leurs patientes et que les cliniques de première ligne soient ouvertes le soir, la fin de semaine et les jours fériés
- impose à la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec l’enseignement d’une pratique de première ligne axée sur les besoins des patientes afin que l’accès ouvert devienne la norme
- revoie en profondeur le mode de rémunération des médecins en CLSC afin de les inciter à prendre en charge plus de patientes
- revoie le mode de rémunération des médecins généralistes en clinique afin de les inciter à suivre, en continu, une clientèle plus lourde.
Source : CSF, 10.10.2013
Pages reliées :
Accès au système de santé - Les femmes écopent d’abord, dit le CSF, Le Devoir, 10.10.2013
Des actions sont déjà en cours, MSSS, 10.10.2013