C’est une conférence passionnante que nous a livrée Francine Descarries, sociologue et directrice du Réseau québécois des études féministes, le 2 octobre 2013 à l’Université du Québec en Outaouais. À force d’illustrations visuelles, elle a démontré comment l’illusion de l’atteinte de l’égalité a suscité un laissez-faire au Québec en matière de publicité sexiste et comment cette dernière contribue à la création de nouveaux stéréotypes désavantageux pour les femmes et pour les filles.
Plus précisément, si les remarques les plus chauvines et misogynes n’ont plus cours dans l’espace public québécois (par exemple, ce que le célèbre philosophe et sociologue Proudhon aurait écrit au XIXe siècle, qu’« une femme qui exerce son intelligence devient laide, folle et guenon », choque et indigne l’opinion publique), de nouveaux stéréotypes sont apparus insidieusement. Et ils sont d’un autre ordre.
En effet, les référents sexuels envahissent les discours et l’espace public, forgent de nouvelles attentes et attitudes différenciées à l’égard des hommes et des femmes. Ils encouragent des rapports et des comportements sociaux basés sur la sexualité, pervertissant ainsi le rapport des femmes à leur corps, amplifiant les différences entre hommes et femmes, incitant celles-ci à se définir à travers le regard de l’autre. Ces nouveaux stéréotypes ont tendance à confiner les femmes à leur rôle de séductrice et d’objet sexuel tout en récupérant certaines avancées du mouvement féministe telles que l’autonomie et la liberté sexuelle.
Page reliée : Entrevue que donnait Francine Descarries à Radio-Canada Ottawa-Gatineau le 1er octobre (à 8h40).