Le 12 novembre avait lieu une conférence-midi ayant pour thème À qui la ville? À nous les femmes! L'anthropologue Charmain Lévy, professeure en développement régional à l’UQO et spécialiste du Brésil, présentait les résultats de ses recherches sur les femmes au sein du mouvement brésilien des sans-toit.
Selon Mme Lévy, certains éléments précurseurs de changements nous permettent d’avancer, à titre d’hypothèse, qu’on assiste à une progressive féminisation du leadership du mouvement pour le droit à la ville ainsi qu'à l'intégration d'une approche genrée en matière d’habitation. Ceci permet de mieux prendre en compte le rapport spécifique des femmes au logement au sein des réseaux de la réforme urbaine et de certaines composantes de la société civile brésilienne. De plus, cette prise de conscience des enjeux genrés en matière d’habitation contribuerait également à des changements en matière de politiques publiques du logement.
Finalement, la construction du paradigme femmes et ville a été possible grâce à la nouvelle place des femmes dans le mouvement d'habitation, l'articulation de ce dernier avec d'autres acteurs de la société civile, notamment des ONG féministes et celles qui travaillent sur la question de la réforme urbaine, ainsi que des réseaux déjà établis et des espaces de démocratie participative mise en oeuvre à partir de 2003 par le gouvernement du Parti des Travailleurs (PT). Ces alliances qui transcendent les appartenances sectorielles (trop souvent sources de division des mouvements sociaux) et explorent de nouvelles collaborations, montrent la capacité de ces mouvements à se transformer de l’intérieur et à contribuer à des changements institutionnels en matière de politiques et d’action publiques.
Notons que les initiatives en vue de l’élaboration de politiques publiques proviennent d'en bas, c’est-à-dire ici à la fois de la société civile et du mouvement populaire à l’échelon local. Finalement, il importe de souligner que les propositions concernant la question femmes et ville ont eu plus de facilité à influencer les politiques publiques quand il existe une affinité idéologique entre société civile, mouvements sociaux, en particulier le mouvement féministe, et des élu-es.