Depuis mai 2013, la question de la législation sur l’avortement occupe l’actualité en Haïti. Constatant que ce débat très controversé se concentre surtout sur « la maternité et le devoir des femmes », Ayiti Kale Je a réalisé un reportage sur la réalité vécue sur le terrain. Rappelons que la loi haïtienne condamne l'avortement sans faire aucune exception. Elle punit les personnes qui aident une femme à avorter ou qui l'assistent, ainsi que la femme elle-même et ce, jusqu'à l'emprisonnement à vie.
Les jeunes filles et les femmes se font quand même avorter. Les plus exposées à de sérieuses conséquences pour leur santé voire leur vie sont celles qui n'ont pas les moyens de s'offrir un dispendieux avortement dans une clinique de Port-au-Prince, de Floride ou d'ailleurs. Elles doivent se contenter de consulter des pharmacien-nes qui leur proposent des produits abortifs (dont le misoprostol et l'ocytocine) ou des « médecins-feuilles » qui produisent un dangereux médicament traditionnel.
Selon la ministre de la Santé publique et de la Population (MSPP), Florence Duperval Guillaume, sur chaque 100,000 naissances vivantes, on enregistre 530 morts dont 20 à 30% seraient dûes à des avortements bâclés. Et selon l’Enquête Mortalité, morbidité et utilisation des services 2012, sur 352 femmes qui ont avorté depuis 2007, 40% ont déclaré avoir eu des complications.