Le 10 décembre, Chantal St-Pierre, professeure au Département des sciences infirmières à l’UQO, livrait une intéressante conférence-midi au cours de laquelle elle présentait les résultats de ses recherches sur le sexisme de la profession infirmière traditionnellement à dominance féminine. Saviez-vous qu'au Québec, les hommes n'ont obtenu le droit d’exercer cette profession qu'en 1969? Avant le nouveau texte de loi, seules les personnes de « sexe féminin » pouvaient l'exercer légalement. Aujourd'hui, la profession infirmière ne comprend toujours que 10% d’hommes au Québec et 6,4% au Canada.
Mme St-Pierre a parlé des stéréotypes sexistes qui circulent au sein de cette profession, aussi bien dans les institutions éducatives que socio-sanitaires, selon lesquels la prise en charge des soins aux malades serait l’affaire des femmes plutôt que des hommes. Ces stéréotypes prennent leur source dans la vision traditionnelle du rôle féminin au Québec et dans d’autres pays occidentaux, mais aussi dans la réappropriation qu’en ont fait certaines théoriciennes féministes qui associent le « caring » à une éthique féminine. Cette position dite essentialiste s’est répercutée parmi les étudiantes et professionnelles des sciences infirmières.
Curieusement, dans certains pays, la profession infirmière est exercée par 50% voire 90% d’hommes. Au Québec cependant, elle a longtemps été réservée aux femmes. Encore aujourd’hui, elle n’accueille que très peu d’hommes, bien que le Québec fasse figure de proue sur cette question. Mme St-Pierre nous a décrit la lutte méconnue pour obtenir que les hommes aient le droit d’exercer la profession infirmière et la stigmatisation toujours présente face à ce choix de carrière pour un homme. Elle a enfin analysé la place des hommes dans cette profession toujours essentiellement féminine, en pratique clinique, en gestion des soins ainsi qu’en enseignement et recherche.