Un regroupement de plus de 100 organisations à travers le Canada réclame un débat des chefs sur les enjeux qui affectent les femmes lors des élections fédérales de 2015. Le 4 novembre, lors d’une conférence de presse sur la colline parlementaire, le YWCA Canada, l’Association des femmes autochtones du Canada et Oxfam Canada ont affirmé que les droits des femmes doivent être un enjeu électoral et ont appelé tous les partis politiques fédéraux à prendre des engagements concrets afin d’améliorer les conditions de vie des femmes, au Canada comme à l’étranger.
« Ce qui est bon pour les femmes est bon pour le Canada », a déclaré Paulette Senior, PDG de la YWCA Canada. « Le seul et unique débat des chefs sur les enjeux spécifiques aux femmes remonte a il y a 30 ans. Il est grand temps pour un autre débat. Pour beaucoup de femmes, le Canada est un pays où il fait meilleur vivre qu’en 1984, mais nous n’avons pas encore atteint l’égalité, et certainement pas pour toutes les femmes. »
La conférence de presse était organisée par Place au débat, une campagne qui vise à lancer une discussion pan-canadienne sur la justice et l’égalité de genre en vue des élections fédérales de 2015. La campagne est dirigée par un regroupement de plus de 100 organisations – des groupes de défense des droits des femmes provenant de toutes les régions du pays, des associations de peuples autochtones, des groupes communautaires, des organisations oeuvrant en coopération internationale, des groupes confessionnels et des syndicats – représentant plus de 3.5 million de Canadien-nes.
« Peut-on vraiment dire que la lutte pour les droits des femmes a été gagnée, quand plus de 1 100 femmes et filles autochtones ont été assassinées au Canada depuis 1980, et quand chaque jour plus de 8 000 femmes et enfants d’avoir avoir recours à des refuges pour fuir la violence et la maltraitance? », s’interroge Teresa Edwards, de l’Association des femmes autochtones du Canada. « Il est grand temps que l’on discute de comment faire du Canada un pays qui se préoccupe réellement des droits et du bien-être de toutes les femmes », a t-elle expliqué.
Le regroupement souligne que même si plus de femmes que jamais auparavant sortent diplômées des universités, exercent des métiers non traditionnels, et se présentent comme candidates aux élections, elles sont toujours plus à risque de vivre dans la pauvreté, gagnent 20% de moins que leurs homologues masculins, et consacrent deux fois plus de temps au travail non rémunéré à la maison.
Les enjeux qui touchent tout particulièrement les femmes, tels que les services de garde, l’équité salariale et l’accès à un logement abordable, sont passés pour ainsi dire inaperçus lors des débats des chefs de 2011. Pourtant, le nombre de femmes ayant voté a dépassé celui des hommes de plus d’un demi-million.
« Les femmes canadiennes veulent un débat sur ce à quoi devrait ressembler notre pays. Nous demandons aux chefs de partis : êtes-vous prêts pour un débat? », a dit Paulette Senior.
Aux quatre coins du globe, les femmes continuent d’être marginalisées et exclues économiquement. Julie Delahanty, directrice générale d’Oxfam Canada, soutient que le leadership des femmes est essentiel pour lutter contre la pauvreté et les inégalités. « Les femmes représentent un important moteur de changement. Et pourtant, partout dans le monde, les organisations de femmes doivent s’échiner à poursuivre leurs efforts malgré un financement souvent dérisoire », a t-elle expliqué.
Delahanty a plaidé pour un soutien accru aux organisations de femmes, tant au Canada que dans les pays en développement, afin qu’elles puissent offrir des services de première ligne aux femmes, mais également s’attaquer aux causes profondes de la discrimination et de l’inégalité.
À la fin de la conférence de presse, les représentantes de Place au débat ont une fois de plus enjoint les chefs de partis à accepter de participer à un débat sur les politiques et les enjeux qui affectent les femmes une fois que les élections seront déclenchées, et de prendre des engagements concrets afin que les droits des femmes soient respectées, qu’elles aient un accès égal aux ressources et qu’elles puissent vivre une vie sans violence.
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Source : Place au débat, 04.11.2014