À la Radio télévision nationale d'Haïti (RTNH) tout comme à la CBC, des femmes ont le courage de dénoncer le harcèlement dont elles sont victimes. Depuis plusieurs mois, des employé-es de la RTNH, majoritairement des femmes, critiquent l’administration de cette institution publique par le directeur général, Harrisson Ernest, qui les harcèle tant sexuellement que psychologiquement tout en abusant de son pouvoir. Ces graves dénonciations ont porté la Solidarite Fanm Ayisyèn (Solidarité des femmes haïtiennes; SOFA) et le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) à mener une enquête et à produire un rapport qui vient d'être rendu public.
Cette enquête amène la SOFA et le RNDDH à conclure que, sans l'ombre d'un doute, Harrisson Ernest « s'adonne ouvertement à des actes de harcèlement psychologique par l'envoi continu de lettres de blâme, de rappel, d'avertissements aux employé-e-s sans oublier les cas de rétrogradation des employées qui sont donc mises dans une situation telle qu'elles sont tenues d'accomplir des tâches de niveau inférieur à leurs compétences. De plus, six des femmes dénoncent des avances et des propos inappropriés du Directeur Général de la RNTH tels, la sollicitation des faveurs sexuelles non désirées, accompagnée de menaces, de promesses explicites et implicites, des commentaires inappropriés d'ordre sexuel, des remarques sur le corps des victimes et sur leur apparence, des questions intimes et des invitations hors des limites administratives ».
La SOFA et le RNDDH ne comprennent pas que les démarches des victimes soient restées lettre morte. « À date, aucune autorité n'est intervenue, ne serait-ce que pour exiger qu'une enquête approfondie soit menée autour de leurs déclarations et sur la gestion générale de la RTNH. Ce silence prouve que le droit de cuissage est, pour le Gouvernement MARTELLY/LAMOTHE, encore en vigueur et peut être réclamé d'un supérieur hiérarchique à ses employé-e-s sans que celui-ci ne soit inquiété. Au contraire, il a des chances de recevoir, à la clé, une récompense bien méritée. » Soulignons que lorsqu'il animait une émission, Harrisson Ernest faisait souvent l'éloge des projets du gouvernement, qu'il encensait le président Martelly et critiquait vertement les membres de l'opposition.
La SOFA et le RNDDH concluent leur rapport en recommandant aux ministères de la Communication, de la Condition féminine et des droits des femmes, des Affaires sociales et du travail, au président de la République et au parlement de :
« • Mener une enquête sérieuse sur les allégations des employé-e-s victimes de harcèlement psychologique et de harcèlement sexuel au niveau de la RTNH
• Prendre en compte les témoignages des employé-e-s qui ont brisé le silence
• Garantir aux employé-e-s la jouissance de leur droit de protestation
• Prendre toutes les mesures qui s'imposent pour ramener une atmosphère saine de travail au niveau de la RTNH
• Mettre à la disposition des victimes de harcèlement sexuel un accompagnement légal en vue de porter plainte formellement contre leur agresseur
• Revenir sur les décisions arbitraires et injustifiées du Directeur Général de la RTNH et garantir la réintégration des employé-e-s révoqués arbitrairement
• Ordonner la modification des dossiers disciplinaires des employé-e-s suite aux multiples lettres de blâme injustifiées
• Passer des instructions formelles au Directeur Général de la RTNH, Harrisson ERNEST pour qu'il mette fin à sa frénésie épistolaire au détriment des employé-e-s de l'institution. »
Page reliée : Lettre ouverte au ministre à la Condition féminine et aux Droits des femmes et à celui de la Communication, sept femmes signataires, 01.12.2014