L'édition 2015 de la Carte des femmes en politique, produite par l'Union interparlementaire (UIP) et ONU Femmes, fournit les données les plus récentes sur la représentation des femmes dans la vie politique, ainsi qu'un classement mondial en la matière, fait apparaître un bilan mitigé en ce qui concerne la parité dans les pouvoirs exécutif et législatif, aux niveaux tant régional que national.
Si le nombre de femmes ministres est passé de 670 à 715 au cours des 12 mois qui se sont écoulés depuis le 1er janvier 2014, les femmes ne représentent néanmoins toujours que 17,7% des ministres à travers le monde, une proportion qui n'a augmenté que de 3,5 points depuis 2005.
A ce jour, 30 pays comptent au moins 30% de femmes ministres, la Finlande, Cabo Verde, la Suède, la France et le Liechtenstein occupant les cinq premières places. Si ce chiffre est en recul par rapport à 2014 où l'on dénombrait 36 pays dans ce cas, il y a de bonnes nouvelles à l'autre bout du classement, puisqu'il n'y a désormais plus que huit gouvernements entièrement composés d'hommes (ceux de l'Arabie saoudite, de la Bosnie-Herzégovine, du Brunéi Darussalam, de la Hongrie, du Pakistan, de la Slovaquie, des Tonga et du Vanuatu).
Les pays qui ont accusé les plus grands reculs entre 2014 et 2015 sont le Pérou, le Malawi, le Danemark, la Belgique et le Paraguay, dont les gouvernements ont perdu respectivement entre deux et six femmes.
Au plan régional, les Amériques continuent à afficher la plus forte proportion, avec 22,4% de femmes dans leurs gouvernements, l'Europe et l'Afrique occupant les deuxième et troisième places. Toutefois, les Amériques et l'Afrique ont perdu du terrain au cours de l'année dernière, à hauteur de 0,6 et 0,5 point respectivement. Avec 19,8% de femmes dans les gouvernements, l'Afrique est maintenant à peine au-dessus du niveau qu'elle avait atteint en 2010. Après des années de progrès suivis de stagnation, le nombre de femmes ministres et parlementaires est en baisse, ce qui suscite des de préoccupations.
Inversement, les pays arabes, l'Asie, l'Europe et le Pacifique ont atteint des chiffres record en ce qui concerne le nombre de femmes au gouvernement. Ainsi, alors qu'elle arrive en dernière place en ce qui concerne le nombre de femmes parlementaires, la région du Pacifique est quatrième au classement mondial (avec 13% de femmes parmi les ministres), suivie de l'Asie avec 10,6% et du monde arabe avec 9,5%.
La Carte des femmes en politique met aussi en lumière l'évolution des portefeuilles ministériels qui sont confiés aux femmes. On notera ainsi que les femmes continuent à être affectées d'abord aux affaires sociales, à l'éducation, à la famille et aux affaires féminines, que le nombre de femmes chargées de questions plus importantes telles que la défense, l'environnement et les affaires étrangères a légèrement progressé, mais qu'elles sont moins nombreuses que l'année précédente aux ministères des finances, du budget ou de l'intérieur.
La Carte met aussi en exergue les progrès et reculs que les femmes ont enregistrés au Parlement. Les données de l'UIP montrent que 48 pays comptent au moins 30% de femmes dans une chambre parlementaire sinon les deux pour les parlements bicaméraux, contre 46 en 2014 et 42 en 2013. La moyenne mondiale des femmes parlementaires a également atteint son plus haut niveau, dépassant les 22%. Cependant, cette progression est décevante en ce sens qu'elle n'est que de 0,3 point, après une hausse record de 1,5 point en 2013, ce qui donne à penser que l'effet des quotas pourrait être en train de s'estomper.
Aux fonctions de direction politique, les progrès sont plus encourageants. On compte de nouveau 19 femmes parmi les chefs d'Etat ou de gouvernement, chiffre maximum enregistré à ce jour. Les femmes comptent aussi pour 15,8% des président-es de parlement, une augmentation d'un point de pourcentage en 2014, soit deux fois plus que l'augmentation du nombre de femmes parlementaires enregistrée l'année précédente, mais ce chiffre reste néanmoins largement en retrait par rapport à la proportion de femmes parmi les parlementaires et loin de la parité.
La directrice exécutive d'ONU Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka, appelle à de nouveaux engagements et à de nouveaux investissements au regard de l'objectif de parité inscrit dans le Programme d'action de Beijing désormais vieux de 20 ans. "Si les dirigeants d'aujourd'hui mettent l'accent sur l'égalité des sexes, dit-elle, s'ils commencent maintenant à honorer les promesses qu'ils ont faites il y a 20 ans, l'égalité entre hommes et femmes pourrait être une réalité au plus tard à l'horizon 2030."
Source : UIP et ONU Femmes, 10.03.2015
Page reliée : Une action résolue s'impose pour atteindre la parité au Parlement, malgré 20 années de progrès, UIP, 05.03.2015