Constatant que la représentation des femmes en politique québécoise fait du surplace depuis 15 ans, le Conseil du statut de la femme (CSF) croit qu’il est temps de prendre les grands moyens pour que les partis politiques recrutent un minimum de 40% de candidates. C’est ce qui ressort de l’avis Les femmes en politique : en route vers la parité, rendu public le 4 octobre.
Le Conseil recommande, notamment, que la Loi électorale du Québec soit modifiée pour obliger tous les partis politiques québécois à présenter entre 40% et 60% de candidates aux élections. Une période transitoire serait prévue : une cible de 35% serait fixée pour le premier scrutin suivant l’adoption de la politique. Les partis ne respectant pas cette « zone paritaire » s’exposeraient à des pénalités financières importantes.
Louise Harel, ex-députée et ministre, interviewée dans le cadre de cet avis, s’exprime ainsi à ce sujet : « Le financement, largement à même les fonds publics des partis politiques, impose qu’ils tiennent compte d’une représentation féminine juste et équitable sous peine de voir diminuer les fonds qui leur sont alloués. C’est une mesure d’action positive devenue indispensable faute de résultats probants au cours des dernières années ».
Malgré des avancées importantes en matière d’égalité, les femmes continuent d’être sous-représentées en politique, constate le CSF dans son avis. Leur présence à l’Assemblée nationale stagne autour de 30% depuis une quinzaine d’années et les autres paliers de gouvernement ne font pas meilleure figure. En 1998, le Québec occupait le 15e rang mondial en matière de représentation féminine à son assemblée législative. Aujourd’hui, il a glissé au 44e rang.
« Les obstacles à l’entrée et au maintien des femmes en politique sont moins visibles que par le passé, mais ils n’ont pas disparu pour autant. La culture des partis et des institutions politiques, l’inégal partage des responsabilités familiales entre femmes et hommes et la socialisation différente des filles et des garçons sont toujours bien présents », explique Julie Miville-Dechêne, présidente du Conseil.
« Tous les acteurs politiques municipaux et provinciaux doivent s’unir pour aménager des solutions durables afin de faciliter la conciliation travail-famille, notamment en accordant aux élus un congé parental. L’heure est à la modernisation de nos institutions », conclut M. Éric Forest, maire de la Ville de Rimouski et ancien président de l’Union des municipalités du Québec.
Le Conseil a étudié les stratégies des pays qui font bonne figure en matière de représentation politique des femmes. Il constate que les avancés les plus significatives ont été observées dans les pays ayant des mesures obligatoires assorties de sévères punitions.
> Infographie, résumé de l'avis et recommandations
Source : CSF, 04.10.2015
Pages reliées :
Dépoussiérer la politique, Pascale Breton, La Presse+, 24.10.2015
À nos femmes et hommes politiques, Alliance de citoyen-nes pour la mixité égalitaire, La Presse+, 22.10.2015
Femmes et sous-représentation politique : un avis et des quotas, Marilyse Hamelin, Gazette des femmes, 20.10.2015
La parité, d’accord, mais il faut aller plus loin, Aurélie Lanctôt, Le Devoir, 10.10.2015
Parité en politique : entrevue avec Julie Miville-Dechêne du CSF, Gravel le matin, Radio-Canada, 05.10.2015
Des quotas de femmes en politique : un boulet pour les partis?, Noémi Mercier, L'Actualité, 30.09.2015