La question de l’égalité n’est pas un objet nouveau pour les politiques publiques. Nombre de villes, de régions ont mis en place des dispositifs d’égalité femmes-hommes. Ce dossier a été porté en France par des élues engagées dans des collectifs féministes, dans des luttes sociales ou environnementales. Au Québec, il a été porté par des associations féministes, et par des élues issues de cette mouvance ou sensibilisées à la problématique. D’un côté et de l’autre de l’Atlantique, ces actrices ont été confrontées à nombre de résistances et d’embûches avant d’obtenir une certaine visibilité de cette question. L’objectif principal de cet article de Sophie Louargant et Denyse Côté est d’identifier les résistances à l’intégration de l’égalité femmes-hommes comme catégorie d’action locale. Ces dernières sont souvent renforcées par un discours sexiste associant l’égalité femmes-hommes à « des commérages féministes » ou à des demandes inopportunes. Ce contexte questionne l’« éthique » politique et la sexuation de cette éthique dans la prise en charge publique de l’égalité à l’échelle du territoire restreint. L’analyse comparée du parcours de militantes et d’élues en France (Grenoble) et au Québec (Gatineau) dévoile les ressorts de la production de ces mécanismes sexistes dans la construction contemporaine des territoires locaux et régionaux.